samedi 1 février 2014

J'ai encore vu une chaussure sur le bord de la route

Toi, mon plus fidèle lecteur si tu es encore vivant, tu te souviendras peut-être de cette histoires de chaussures - de rando ou de sécurité difficile de juger à 90 km/h - sur le bord de l'autoroute, séparées l'une de l'autre d'une ou deux centaines de mètres. Mystère jamais élucidé, nous n'avions pu trancher entre la théorie des chaussures tombées du toit d'une voiture de vacanciers trop chargée, celle de la collection dilapidée d'un renard farceur ou encore le complot international. 

Eh bien figure-toi qu'hier, j'ai encore vu une chaussure sur le bord de la route. Une chaussure qui pourrait être la même, si je ne doutais pas fortement qu'elle ait pu résister à quatre ans d'intempéries. 

Je me demande quand même comment on peut perdre une chaussure. J'imagine qu'elle n'était pas aux pieds de la personne concernée quand c'est arrivé. Même si je suis distraite, cela ne m'est jamais arrivé de voir une chaussure se désolidariser de mon petit peton toute seule. A moins que ce soit une claquette. Et même comme ça, je m'en étais encore aperçue. Et puis une seule chaussure, c'est quand même complètement con. J'admets que ça paraît beaucoup plus logique que deux si c'est tombé d'une voiture. Mais déjà, moi, j'ai du mal à imaginer qu'une chaussure puisse, de son propre chef, tomber d'une voiture. Alors quoi ?

Peut-être un couple rentrant d'un dîner en amoureux. L'homme vient d'annoncer bien malgré lui à la femme - il n'avait pas prévu de le lui dire ce soir là - qu'il partait en mission spéciale en Antarctique pour six mois avec la superbe stagiaire blonde que Madame jalousait déjà un peu. Hystérique, elle a commencé à lui balancer des trucs à la gueule et le premier truc qui lui est venu, c'est la boîte de chaussures de rando extrême qu'il avait laissées planquées dans sa voiture pour ne pas éveiller les soupçons de son épouse. Elle lui a balancé la première, l'a loupé. Il a ouvert la fenêtre pour la seconde qui a atterri sur le bord de la route.

Ou peut-être notre ami le petit renard, parti piquer quelques chaussures pour sa collection mais, trop fatigué, ou peut-être pourchassé par un doberman jaloux, en aura perdu une en route. S'il n'habite pas trop loin, il reviendra sans doute la chercher dans quelques jours. A moins que le doberman - ayant découvert que la chaussure ne se mangeait pas c'est vraiment juste pour faire chier le renard - ne l'attende caché sous la rambarde de sécurité. Espérons que le renard sera plus malin que lui.

Ou alors c'est un coup de la "manif pour tous". Ils ont laissé une chaussure sur le bord de la route en espérant que ça distrairait suffisamment tous les homos pour qu'ils/elles, focalisé(e)s sur cette chaussure, aient un accident. Une sorte de technique d'assassinat de masse. Pour le coup, je ne suis pas certaine que ça fonctionne très bien. Déjà parce que n'importe qui peut remarquer cette chaussure, ensuite parce qu'elle ne donne pas non plus envie de se retourner dessus au point de se prendre le camion de devant ou de sortir de la route. Il faudrait un truc plus grandiloquent, ou plus utile, ou plus cher. Mais ne leur donnons pas d'idées.

Je vais quand même regarder dans mes affaires si je n'ai pas perdu une chaussure, tiens...